Manuscrit venu de Sainte-Hélène d'une manière inconnue, Horizons de France, 1947
Édition princeps, Londres, 1817.
La page de titre d'une édition publiée la même année que l'originale, avec la même adresse, est suivie d'un « avertissement » en anglais. Cet ouvrage fut tour à tour attribué à Benjamin Constant et à Mme de Staël. Il suscita une immense curiosité en même temps qu'il séduisit par sa présentation d'un « Napoléon libéral ». A ce titre, c'est un des livres-clefs pour la formation de la légende impériale. L'auteur est en fait Jacob-Frédéric Lullin de Chateauvieux (1772-1842), agronome genevois. Selon Barbier, « Napoléon, qui a connu le Manuscrit... vers la fin de 1817, et qui en a été lui-même fort intrigué, a fait quarante-quatre notes pour le réfuter, et de plus il l'a formellement désavoué par son testament. »
Frontispice in Manuscrit venu de Sainte-Hélène, Édition nationale, Mise au jour et précédée d'une introduction par Édouard Goin, Membre de l'Institut historique, ancien secrétaire du ministère de la guerre, Auteur des Pontons d'Angleterre et de la Vie du maréchal Brune.
© Fondation Napoléon (Paris)
Jean-François Lesueur, Marche du Sacre de Napoléon Ier, 1804, Musique Des Anciens Du 18ème R.T. D'Epinal, Chef De Musique : Simon Perrin, Sous-Chef : Georges Eberhard, Tambour major : Daniel Pierre.
Ma vie a été si étonnante, que les admirateurs de mon pouvoir ont pensé que mon enfance même avait été extraordinaire : ils se sont trompés. Mes premières années n 'ont rien eu de singulier. Je n'étais qu'un enfant obstiné et curieux. Ma première éducation a été pitoyable, comme tout ce qu'on faisait en Corse. J'ai appris assez facilement le français par les militaires de la garnison avec lesquels j'ai passé mon temps. Je réussissais dans ce que j'entreprenais parce que je le voulais. Mes volontés étaient fortes et mon caractère décidé. Je n'hésitais jamais, ce qui m'a donné de l'avantage sur tout le monde ; la volonté dépend, au reste, de la trempe de l'individu : il n'appartient pas à chacun d'être maître chez lui.
Ce n'était pas le talent mais la loyauté qui donnait du crédit dans l'armée ; tout y dépendait de la faveur populaire qu'on obtenait avec des vociférations.
Encore faut-il gagner les échelons, la reconnaissance du peuple, vers le pouvoir.
Je trouvai des courtisans plus que je n'en avais besoin ; on faisait queue, aussi n'étais-je nullement en peine du chemin que faisait mon autorité ; mais je l'étais beaucoup de la situation matérielle de la Fiance. Nous nous étions laissés battre ; les Autrichiens avaient reconquis l'Italie et détruit mon ouvrage ; nous n'avions plus d'armée pour reprendre l'offensive. Il n'y avait pas un sol dans les caisses et aucun moyen de les remplir. La conscription ne s'exécutait que sous le bon plaisir des maires. Sieyès nous avait fait une constitution paresseuse, bavarde, qui entravait tout ; tout ce qui constitue la force dans un État était anéanti ; il ne subsistait que ce qui fait sa faiblesse.
Enfin Marengo vint. Les vaniteux, les prétentieux prennent l'offensive contre l'autorité conquise sur les champs de bataille.
Je sentais la faiblesse de ma position, le ridicule de mon Consulat. Il fallait établir quelque chose de solide, pour servir de point d'appui à la Révolution. Je fus nommé consul à vie : c'était une suzeraineté viagère, et insuffisante en elle-même, puisque elle plaçait une date dans l'avenir et que rien ne gâte la confiance comme la prévoyance d'un changement ; mais elle était passable pour le moment où elle fut établie.
Attentat de la rue Nicaise contre le Premier Consul, le 3 Nivôse, An 9
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Chaque jour augmentait ma sécurité, lorsque l'événement du 3 nivôse m'apprit que j'étais sur un volcan.
[…]
J'échappai par miracle.
[…]
On chercha les coupables [...]. Je fus très étonné lorsque la suite des enquêtes vint à prouver que c'était aux royalistes que les gens de la rue Saint-Nicaise avaient l'obligation d'être sautés en l'air.
La forme républicaine ne pouvait plus durer, parce qu'on ne fait pas des républiques avec de vieilles monarchies. Ce que voulait la France, c'était sa grandeur ; pour en soutenir l'édifice, il fallait anéantir les factions, consolider l'œuvre de la Révolution et fixer, sans retour, les limites de l'État.
Seul, je promettais à la France de remplir ces conditions, la France voulait que je régnasse sur elle.
Je ne pouvais pas devenir roi, c'était un titre usé ; il portait avec lui des idées ruinées. Mon titre devait être nouveau comme la nature de mon pouvoir. Je n'étais pas l'héritier des Bourbons. Il fallait être beaucoup plus pour s'asseoir sur leur trône, je pris le nom d'Empereur, parce qu'il était plus grand et moins défini.
Prisonnier sur un autre hémisphère, je n'ai plus à défendre que la réputation que l'histoire me prépare. Elle dira qu'un homme, pour qui tout un peuple s'est dévoué, ne devait pas être si dépourvu de mérite que ses contemporains le prétendent.
Éloge funèbre de Napoléon, prononcé sur sa tombe, le 9 mai 1821, par le maréchal Bertrand.
L'homme le plus extraordinaire, le génie le plus prodigieux qui ait jamais apparu sur la scène du monde, n'est plus...
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Quand la reine des nations
Descendit de la monarchie,
Prostituée aux factions,
On vit, dans ce chaos fétide,
Naître de l'hydre régicide
Un despote, empereur d'un camp.
Telle souvent la mer qui gronde
Dévore une plaine féconde
Et vomit un sombre volcan.
Victor Hugo, Odes et ballades, 1826 – Buonaparte, mars 1822.
Bonaparte n'est pas le régicide de Louis XVI.
Victor Hugo, Correspondance, 1831.
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Aujourd'hui, 21 Janvier 2014, 221e anniversaire de l'assassinat de Louis XVI.
Paris.
10 h 00 : A l'appel de France Royaliste et de l'Alliance Royale, autour de SAR Sixte-Henri de Bourbon-Parme, un hommage sera rendu au Roi Louis XVI à 10 heures – heure du début de l'assassinat – à l'endroit même où celui-ci eut lieu : Place de la Concorde, au pied de la statue de Rouen ; après la lecture du testament du Roi et le dépôt de gerbes, prières menées par Monsieur l'Abbé Guillaume de Tanoüarn. La cérémonie sera suivie d'un déjeuner sur réservation (avant le 14 janvier) : 06.86.83.38.73 – 06.71.02.26.47, ou alliance.royale@voila.fr
12 h 00 : Saint-Germain-l'Auxerrois, paroisse des Rois de France, 2, place du Louvre. Messe célébrée à la demande de l'Œillet Blanc, par Dom Philippe Piron, Père Abbé de Sainte Anne de Kergonan. En présence de Mgr le Comte de Paris et des princes de la Maison de France.
La parole est aux lecteurs.